27.1.07

La vérité sur Corine F.

A l'heure où l'on a cessé de compter les nouveaux blogs paraissant chaque jour sur la Toile, tel un flux désordonné recouvrant sans arrêt les paroles prononcées, et semblant les réécrire indéfiniment à chaque nouvelle marée, la question, lancinante, mérite d'être posée : qu'est devenue Corine F. ? Comme nombre d'entre vous, j'étais moi aussi une lectrice assidue, monomaniaque et acharnée, de son carnet web. Pour rien au monde je n'aurais manqué, en allumant mon ordinateur le matin, les billets subtils, sensibles et aériens, qu'elle postait quotidiennement sur cet espace personnel dont je foulais les pages avec dévotion, et respect.


......................................................(photo Antoine)

Un mot, d'abord, sur la fermeture brutale de son blog, certaines lectrices ayant déploré, ici ou ailleurs, la désinvolture du procédé consistant à faire apparaître une vulgaire page d'erreur en lieu et place de la page d'accueil. Si je n'ai pas pris part à la polémique qui s'en est ensuivie, malgré les commentaires équivoques dont j'ai pu faire l'objet, ce n'est pas seulement pour ma sainte horreur de ces querelles futiles dont la blogosphère a le secret, mais plutôt parce que je vois dans son geste comme une ultime marque d'élégance : apparue d'on ne sait où, comme une étoile filante, Corine F. est repartie comme elle était venue. Avec humour, sans un bruit, et… sans un mot de trop.


...........................................................(photo Rh.P.)

Alors, qu'est devenue Corine F. ? Si elle s'est beaucoup livrée sur son blog, on en sait finalement peu, sur elle. Elle travaillait dans le milieu médical, elle l'a suffisamment dit. Mais était-elle infirmière, médecin, visiteuse d'hôpital ? Et surtout : l'est-elle toujours ? Nul ne le sait. Entre autres, me revient ce billet où elle évoquait cette file de malades patientant devant sa porte, et dont elle décrivait chaque membre avec tact et humanité. Ce billet, le premier d'elle qu'il me fut donné de lire, j'ai passé des heures à en contempler le souffle ; aujourd'hui, je peux bien l'avouer, Corine F. est celle qui m'a donné envie d'ouvrir mon blog. Et même si mes phrases sont poussière à côté des siennes, c'est à elle que je dois d'avoir posé des mots sur mes peurs les plus profondes (bon, et mes phobies les plus risibles aussi, il est vrai).


..........................................(photo Anideg)

Oui, qu'est devenue Corine F. ? A-t-elle ouvert un autre blog, ou s'est-elle enfin lancée dans l'écriture de ce roman que nous étions nombreuses à lui réclamer ? L'hôpital, ce condensé d'humanité dont elle était la plus fidèle interprète, la plus émouvante aussi, l'a-t-elle arrachée à la blogosphère, réclamant son talent là où il était sans doute le plus utile, et certainement le plus nécessaire ? Je ne le sais pas ; ce que je sais par contre, c'est que, contrairement à ce que certaines langues de vipères ont prétendu, nous n'étions pas intimes, elle et moi. Un jour, je m'étais contentée de lui envoyer un mail, pour la remercier de l'extraordinaire billet qu'elle avait consacré à John Mitchell-Taylor, ce jeune danseur Noir condamné à mort par erreur et exécuté au Texas l'an dernier. Un billet, là aussi, qui m'avait touchée jusqu'aux larmes…


...................................................(photo Joël Zobel)

Où es-tu, Corine F. ? Accèdes-tu encore à Internet, de temps à autre ? T'égares-tu quelquefois sur tes anciennes pages ? Te vient-il parfois l'idée d'une nouvelle note, drôle et spontanée, intelligente et éclairée, que tu pourrais publier ? Sais-tu que, dans ce concert de hauts cris qui voit certaines de tes anciennes lectrices outrées se servir de leur blog de l'exacte façon dont, naguère, les dames de la bourgeoisie faisaient la charité, ta voix me manque ? Ta voix si douce et si ferme, ta voix si personnelle, si rebelle et féconde. Sais-tu aussi que, pour ma part (mais ce n'est là que l'interprétation toute personnelle que je donne à ton absence), je t'imagine parfois te lever, fière et droite, et marcher, calme et apaisée, vers le destin qui est le tien ? N'empêche. Où que tu sois aujourd'hui, et pour ce que tu as offert au monde des blogs, et ce que tu m'as apporté, au revoir, Corine F.… Au revoir et merci.


.................................................(photo Ali Baba)





(Ma participation au Diptyque d'Akynou)...

23.1.07

S.O.S.

...............................................(version abrégée)
S.O.S., S.O.S.
S.M.S. de détresse
Mon forfait est H.S.
Prière brancher H.F.



Moi, quand j'ai connu J.P.
Voilà, j'habitais l'I.D.F.
et je payais l'I.S.F.
J'avais un gros G.F.
au C.E.A. – groupe E.D.F.
Ex-militante du M.L.F.
j'avais rejoint le P.C.F.
(ça c'est pour mon C.V.)


Lui, il était prof d'E.P.S.
Titulaire du C.A.P.E.S.
il f'sait la gym aux B.T.S.
et rêvait du C.N.R.S.
Ancien membre du S.N.E.S.
cet enfant de la D.D.A.S.S.
avait adhéré au P.S.
(enfin, tendance C.E.R.E.S.)


On s'est connu à l'U.N.E.S.C.O.
Bar V.I.P., stand F.A.O.
le D.J. passait du R.'n'B.
qu'on écoutait sur des C.D.
en buvant sec du J.&B.
tout en regardant en V.O.
un film de la H.B.O.
(un remake nul d'E.T.)


On s'est aimé en 3D
dans son p'tit H.L.M.
Pas eu b'soin d'la N.A.S.A.
pour notre B.A.-BA
Puis, il a sorti sa D.S.
vieux modèle avec G.P.S.
et il m'a payé par C.B.
une robe de mariée XXL
(en solde chez H.&M.)



Quel drôle d'O.V.N.I.
vraiment que ce J.P. !
Il était pour les O.G.M.
n'aimait pas IKEA
rêvait d'un gros 4X4
et n'allumait la T.V.
que pour le P.S.G. !
(moi chuis plutôt O.M.)


En plus, fan de bd S.F.
il avait r'modelé son F3
et installé au R.D.C.
la cabine des W.C. !
Oui, il était drôle, J.P.
Echappé d'un H.P. ?
Cinglé du M.I.T. ?
Mais que font les R.G. ?


Un jour, O.K., j'l'ai mis K.O.
j'en avais marre, C.Q.F.D.
de la coupe de l'U.E.F.A.
j'l'ai frappé avec mon V.T.T.
On m'a aperçue sur L.C.I.
interpellée par le S.R.P.J.
et mon procès au T.G.I.
fut retransmis par Fox-T.V.


Pas b'soin d'écouter R.M.C.
Voilà de ma vie le P.V.
Maint'nant j'vous en prie S.V.P.
pour m'évader lisez bien le N.B.
j'ai recopié sur une clé U.S.B.
les plans de mon petit Q.H.S.
Aidez-moi et N.D.L.R.
j'vous donnerai mon P.I.B.


S.O.S., S.O.S.,
S.M.S. de détresse
Mon forfait est H.S.
Prière brancher H.F.




(photos X).

13.1.07

Valparaiso.

...............................................(version pirate)


adieu Valparaiso
et feux de Santiago
nos amours ont pris l'eau
oui je sais, c'est bateau

au revoir Ténérife
see you later Cardiff
de la vie les récifs
ont brisé notre esquif

choc à Vladivostok
et drame à Rotterdam
je te quitte après Split
te largue au Key Largo




c'est stupide, c'est benêt
au large de Thunder Bay
notre amour a sombré
en vue de Port Saguenay

n'irons plus à Dunkerque
non plus qu'à Albuquerque
je referme le couvercle
je trace un dernier cercle

panique à Dubrovnik
et maldonne à Kingston
on divorce au Cap-Corse
les cloches sonnent à Freetown





c'est ainsi, c'est dommage
les bouées de Stella-Plage
saluent notre naufrage
loin des eaux de Carthage

so long Port-Banana
farewell Santa Marta
goodbye boussole, compas
je ne reviendrai pas

patatras à Patras
never more Baltimore
j'mets les voiles à Durban
je retourne à Melbourne





adieu Valparaiso
et feux de Santiago
nos amours ont pris l'eau
oui je sais, c'est bateau




(photos X).